Occitan 2021
Questions aux candidats

Réponses de ARRIBES André, SEMAVOINE Monique (Forces 64, Pau-3)

Le samedi 29 mai 2021 les représentants locaux du collectif Pour que vivent nos langues à Agen, Bayonne, Béost, Bergerac, Bordeaux, Dax, Limoges, Marmande, Mont-de-Marsan, Nontron, Orthez, Pau, Périgueux, Pujols…, ont organisé des rassemblements suite à la censure partielle de la loi Molac par le Conseil constitutionnel et ont appelé à la modification de l'Article 2 de la Constitution.

À cette occasion nombre d'élus, composant un spectre politique large tant en termes de sensibilités que de mandats, ont pu s'exprimer sur le sujet.

Les élections départementales des 20 et 27 juin sont désormais pour nous l'occasion de donner la parole aux candidats sur la politique linguistique en faveur de l'occitan (béarnais et gascon).

Aussi trouverez-vous ci-dessous un questionnaire en lien avec l'actualité mais également avec la prise de fonction au Département des Pyrénées-Atlantiques à laquelle les candidats aspirent.

Les réponses seront compilées sur ce site, eleccions-64-na.fr, puis communiquées via les réseaux sociaux.

Les membres du collectif Pour que vivent nos langues locaux :

Les réponses

1. Quel est votre sentiment concernant l'avis du Conseil constitutionnel censurant partiellement la loi Molac sur les langues régionales ?

J'ai exprimé mon sentiment lors de ma prise de parole au nom du Conseil départemental, le 29 mai 2021 lors de la manifestation du collectif "Pour que vivent nos langues". Voici mon discours : Chers amis, Mes premières pensées et mes premiers mots s’adressent aux 414 écoliers et collégiens qui bénéficient de l’enseignement immersif en Béarn et qui, aujourd’hui, perdent tous repères pour leur avenir scolaire. Parce qu’une poignée d’éminents « Sages ? » prétendument garants de notre Constitution française, ne connaissant ni le sujet ni le contexte, se sont hasardés dans une décision unilatérale, dogmatique, jacobine, et surtout à contre-sens de l’Histoire… ici, chez nous dans les Pyrénées-Atlantiques, ce sont 5126 élèves, scolarisés dans le public et le privé, qui ne comprennent pas pourquoi si soudainement leur chemin scolaire se dérobe sous leurs pieds. Le Conseil constitutionnel a d’abord validé le forfait scolaire contre lequel il était saisi par quelques parlementaires… alors qu’il venait d’être voté démocratiquement par une large majorité à l’Assemblée nationale, pour la plus grande joie de tous ceux qui oeuvrent depuis des décennies à la transmission des Langues régionales. Mais quelle mouche a soudain piqué les « Sages » pour qu’ils s’acharnent soudainement sur l’enseignement immersif de nos Langues de France, et cela sans préavis, sans même en avoir été saisis, sans seulement un débat démocratique ?! Pourquoi s’attaquer ainsi jusqu’à l’interdire à une méthode pédagogique qui n’a fait que ses preuves d’efficacité pour l’apprentissage des langues… sans jamais risquer la moindre division du Pays ? La France est un pays riche de la diversité de ses régions, de ses cultures de ses langues ; cette décision stupéfiante a provoqué dans toutes nos régions une onde de choc, de sidération puis de colère. Cette décision absurde et incompréhensible va à contre-courant de ce que nous connaissons ici en Béarn et au Pays Basque depuis 25 ou 30 ans ! Oui, depuis 30 ans, dans la foulée du sauvetage d’une disparition certaine des écoles immersives en langues régionales (Calandretas, Seaska, Diwan etc…) par le Ministre de l’Éducation nationale de l’époque… François BAYROU, depuis près de 30 ans ici chez nous le Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques s’engage résolument pour soutenir le développement de l’occitan, béarnais et gascon, et du basque. Depuis près de 30 ans, avec tous les acteurs associatifs et professionnels, le Département et la Région unissent leurs efforts pour accompagner l’État dans la mise en œuvre d’une véritable politique d’enseignement de et en langues régionales. Pourtant, depuis quelques années, force est de constater que notre Académie ne respecte plus les conventions qu’elle a signées et qui l’engagent auprès collectivités territoriales. Finalement la décision stupéfiante du Conseil constitutionnel contre une méthode pédagogique reflète encore ce pouvoir du jacobinisme français : déjà la récente réforme du Baccalauréat a pour conséquence de faire fondre les effectifs des classes bilingues et immersives comme neige au soleil, mais depuis quelques années il nous faut nous battre sans relâche, pied à pied, auprès des instances du Rectorat et de l’Inspection académique pour n’obtenir que quelques miettes de postes d’enseignants. C’est un combat incessant, usant. Et aujourd’hui voilà que le Conseil constitutionnel signe l’arrêt de mort des classes et des écoles immersives, il signe la fin de la transmission de nos langues de France, dans le public comme dans le privé ! C’est pourquoi hier au Parlement de Navarre, dans la solennité et l’unité de toutes les sensibilités politiques confondues, les Conseillers départementaux ont réaffirmé : • L’attachement du Département au développement de l’enseignement bilingue et en immersion des langues régionales, • Son soutien financier, tant en fonctionnement qu’en investissement dans le respect de la Loi Falloux, aux établissements privés linguistiques des Pyrénées-Atlantiques ; L’Assemblée départementale a adopté une Motion en ce sens je le répète à l’unanimité, toutes sensibilités politiques confondues. Et aujourd’hui nous sommes ici très nombreux, ce matin à Pau et cet après-midi à Bayonne, pour affirmer haut et fort aux Sages du Conseil constitutionnel que nous ne laisserons pas disparaître les écoles qui transmettent les langues de France à nos enfants, et pour rappeler aussi haut et fort aux Sages du Conseil constitutionnel que nos régions, nos langues et nos cultures SONT LA France.

2. Êtes-vous favorable à la modification de l'article 2 de la Constitution ?

Oui. Totalement. Avec détermination.

3. Quelles priorités souhaitez-vous donner à la politique linguistique en faveur de l'occitan si vous accédez aux responsabilités du Département ?

Poursuivre la mise en oeuvre le Schéma Initiative Dus que j'ai moi-même porté pendant deux années de travail avec tous les acteurs du monde occitan, et que j'ai la fierté d'avoir fait voter à l'unanimité de l'assemblée départementale en décembre 2019. Participer activement à la naissance de la Ciutat de Pau, en siégeant au sein de la Commission Identitats du Pays de Béarn.

4. Quelles actions seront retranscrites concrètement dans votre circonscription ?

Sur notre canton de Pau 3 : La Ciutat Le pôle Calandreta de Pau Un classe bilingue à l'école de Mazères ? (projet qui a capoté en ce début d'année).

5. Que ferez-vous concernant l'enseignement ?

Si je suis réélue dans la Majorité sortante et si le Président me délègue à nouveau la mission de le représenter pour l'occitan béarnais et gascon, je siègerai dans les instances du Rectorat de l'Académie et de l'Inspection départementale : - je continuerai à me battre pour que l'enseignement de l'occitan se développe grâce à des créations de postes d'enseignants, dans le public, le privé et l'associatif, - pour assurer la continuité pédagogique de la maternelle au baccalauréat, - pour réclamer la nomination des enseignants sur des postes en occitan en Béarn et Bas-Adour au lieu de les "gaspiller" en disponibilité parce qu'ils sont nommés dans des départements où ils ne vivent pas !

6. Que ferez-vous concernant les médias ?

Je mettrai en oeuvre l'enjeu n° 2 voté dans le Schéma linguistique en décembre 2019 : "RENOUVELER LES STRATÉGIES DE DÉVELOPPEMENT DES MÉDIAS ET DE PRODUCTION NUMÉRIQUE ET AUDIOVISUELLE". Il déploie 4 orientations : - renforcer la coopération des medias existants : OBJECTIF 1 : Mise à l’antenne d’un GLOBAL MEDIA départemental bilingue ; OBJECTIF 2 : Co-construction et diffusion d’un produit radiophonique (Radios publique et associatives)

7. Que ferez-vous concernant la socialisation de la langue ?

DIFFUSER LA LANGUE DANS LE DÉPARTEMENT Par « diffusion », on entend de façon large les actions visant à la socialisation active de la langue, à la promotion et au développement des usages de celle-ci dans tous les domaines. En fonctionnement, le Département soutient chaque année les actions qui se déroulent tout au long de l’année et qui prévoient une offre la plus large possible en termes de transmission, d’usage de la langue et de pratiques culturelles. Le Schéma Iniciativa DUS veut contribuer à aider à la structuration des partenaires, en termes d’ingénierie culturelle et de réseau.

8. Quels seront les engagements financiers pour cette politique linguistique ?

1 million € / an.