Occitan 2021
Questions aux candidats

Réponses de AGUER Sébastien, IRUNGARAY Ihintza (EH Bai, Bayonne-2)

Le samedi 29 mai 2021 les représentants locaux du collectif Pour que vivent nos langues à Agen, Bayonne, Béost, Bergerac, Bordeaux, Dax, Limoges, Marmande, Mont-de-Marsan, Nontron, Orthez, Pau, Périgueux, Pujols…, ont organisé des rassemblements suite à la censure partielle de la loi Molac par le Conseil constitutionnel et ont appelé à la modification de l'Article 2 de la Constitution.

À cette occasion nombre d'élus, composant un spectre politique large tant en termes de sensibilités que de mandats, ont pu s'exprimer sur le sujet.

Les élections départementales des 20 et 27 juin sont désormais pour nous l'occasion de donner la parole aux candidats sur la politique linguistique en faveur de l'occitan (béarnais et gascon).

Aussi trouverez-vous ci-dessous un questionnaire en lien avec l'actualité mais également avec la prise de fonction au Département des Pyrénées-Atlantiques à laquelle les candidats aspirent.

Les réponses seront compilées sur ce site, eleccions-64-na.fr, puis communiquées via les réseaux sociaux.

Les membres du collectif Pour que vivent nos langues locaux :

Les réponses

1. Quel est votre sentiment concernant l'avis du Conseil constitutionnel censurant partiellement la loi Molac sur les langues régionales ?

Nous avons, bien entendu, dénoncé immédiatement cette censure. Elle nous étonne peu tant l’article 2 de la Constitution nous a déjà été maintes fois mis en avant pour justifier des attaques contre nos langues. Un espoir était né le 8 avril dernier et puis finalement plutôt qu’un pas en avant c’est trois pas en arrière. Aujourd’hui, les acteurs locaux qui œuvrent pour le développement linguistique doivent savoir de quoi leur avenir sera fait. Le Gouvernement doit prendre ses responsabilités et doter les langues minorisées d’un vrai statut. En attendant, c’est la colère et l’incompréhension qui prédominent.

2. Êtes-vous favorable à la modification de l'article 2 de la Constitution ?

Bien entendu. Cet article, à l’époque, avait été introduit pour défendre le français face à l’anglais. Depuis, il est surtout devenu un des outils pour minoriser nos langues. Cet article doit évoluer de manière radicale. Mais une révision constitutionnelle ne suffira pas. C’est un véritable statut juridique, une reconnaissance officielle des langues territoriales qui doit être obtenu. De plus, il convient de permettre aux collectivités territoriales de pouvoir intervenir de manière différenciée sur les territoires concernées par les langues régionales

3. Quelles priorités souhaitez-vous donner à la politique linguistique en faveur de l'occitan si vous accédez aux responsabilités du Département ?

Notre mouvement politique, EHBAI, présente des candidat.es sur l’ensemble des 12 cantons du Pays Basque Nord. Sur ce territoire-là, il existe depuis 2017 la Communauté Pays Basque qui a également une compétence en matière linguistique. Celle-ci mène une politique en faveur de l’Euskara mais également de l’Occitan gascon. Le Département se doit également d’agir sur tous les domaines dont il a la responsabilité : usage et visibilité de la langue dans sa communication avec les usagers, l’accueil du public, la signalétique routière, la toponymie… Les enjeux sont multiples et la situation de l’Occitan particulièrement préoccupante. Il convient de renforcer la sensibilisation et l’apprentissage de l’occitan et en occitan et lui assurer une visibilité dans la vie de tous les jours.

4. Quelles actions seront retranscrites concrètement dans votre circonscription ?

Comme évoqué, nous sommes présent.es sur la partie basque du Département. L’occitan y est présent sur une partie du territoire. Cela dit, le mouvement abertzale, par son attachement à la diversité linguistique a déjà montré quelle énergie et engagement il peut mettre en faveur de l’Euskara. Aujourd’hui, de nombreux dispositifs en faveur de l’euskara existent. Même si l’on part de plus loin, l’occitan peut bénéficier sur les secteurs concernés, de bon nombre de ces accompagnements et savoir-faire en matière de politique linguistique.

5. Que ferez-vous concernant l'enseignement ?

L’enseignement est un secteur hautement stratégique. En effet, pour l’occitan comme pour l’Euskara, la transmission familiale, depuis longtemps, ne produit plus suffisamment de locutrices et locuteurs. L’école tient donc un rôle de la première importance pour assurer un avenir à nos langues. Concrètement cela veut dire de mener via les Offices Publics de l’Euskara (OPLB) et de l’occitan (OPLO) des négociations fortes avec l’éducation nationale afin que l’apprentissage des langues soit proposé en tout point du territoire et que des enseignant.es soient formé.es en nombre suffisant. La généralisation du système immersif dans le privé et le public doit également devenir prioritaire.

6. Que ferez-vous concernant les médias ?

Une langue ne peut perdurer que si elle est utilisée et elle ne gagne des locutrices et locuteurs que si elle a une réelle « utilité sociale » et donc une visibilité publique. Les médias ont un rôle à jouer en la matière. Concernant les médias publics, notamment France 3 et France Bleu des moyens supplémentaires doivent être dédiés aux programmes en langues occitane et basque. Les médias privés, associatifs, doivent également être fortement accompagnés par des subventions directes et par des achats de publicités du Département disponibles également en langues minorisées.

7. Que ferez-vous concernant la socialisation de la langue ?

Le Département a un rôle à jouer pour accroitre la visibilité de la langue. A commencer par le service communication. L’apprentissage de l’occitan doit également être proposé aux agents sur le temps de travail. Le Département peut également encourager l’usage de l’occitan dans des réunions de travail ou des réunions publiques qu’il organise en valorisant l’usage de la langue, en prévoyant des services de traduction simultanée… Des campagnes de promotion des langues, des cours du soir pour adultes et des filières immersives aideront également à socialiser nos langues.

8. Quels seront les engagements financiers pour cette politique linguistique ?

Aujourd’hui le Département consacre environ 2 M€ par an aux langues et cultures régionales, soit 0,3% de son budget ; le chiffre symbolique de 1% serait davantage à la hauteur des enjeux, compte tenu de la présence de 2 langues régionales sur son territoire. Les politiques à développer en faveur du basque et de l’occitan ne sont pas concurrentes. Au contraire, elles s’alimentent mutuellement.